Dix-sept cadavres humains disséqués, dépecés, découpés en rondelles. Quand certains parlent d’exhibition commerciale ou de voyeurisme, Pascal Bernardin préfère le terme de « sublimation ». Après un passage controversé à Lyon puis à Marseille (Le Monde du 29 mai 2008), l’homme d’affaires et producteur de spectacles a pourtant dû batailler pour monter à Paris son exposition « Our body : à corps ouvert ».
« J’ai fait le tour de tous les lieux culturels », explique-t-il. Mais aucun musée n’accepte d’accueillir ses écorchés certifiés authentiques, rendus quasi éternels grâce à un procédé de conservation – la « plastination ». Il se résigne à louer, pour quatre mois, un bâtiment commercial de 1 200 m², à la Madeleine. « On a refusé pour des raisons éthiques, explique-t-on au Palais de la découverte. Le conseil scientifique a trouvé que le fait de présenter des corps humains était assez limite : on avait peur de choquer notre public ».
C’est justement cet aspect provocateur de « musée de la mort » qui a fait, à Lyon et à Marseille, la popularité – et la rentabilité – du concept : 150 000 visiteurs. La première salle donne tout de suite le ton : un corps entièrement découpé en tranches repose dans son cercueil de verre. Plus loin, des organes exposés en pleine lumière, un écorché sur un vélo, une peau humaine, étendue sur table comme un tapis… « Ce n’est que montrer de quoi est fait notre corps », fait mine de s’étonner M. Bernardin. Il joue sur l’aspect « pédagogique » de la présentation, désigne les panneaux explicatifs. Rien qu’on ne puisse trouver dans un manuel de biologie. Pour Jean-Pierre Mohen, directeur de la rénovation du Musée de l’homme, cette exposition n’apporte « rien scientifiquement » : « Elle nous a paru n’être qu’une présentation esthétisante du corps. On n’a pas du tout le moindre début de questionnement sur le corps humain ».
En 2007, la Cité des sciences de La Villette avait envisagé d’accueillir « Body Worlds », l’une des expositions dont s’est inspirée la version française « Our Body », et dont le succès mondial ne se dément pas depuis 1995 – plus de 30 millions de visiteurs au total. Sollicité, le Comité consultatif national d’éthique s’était montré intransigeant face à une commercialisation du corps humain « marchandise de spectacle ».
Quant à la provenance des corps exposés, tous asiatiques, elle prête aussi à polémique. On a ainsi soupçonné Gunther von Hagens, anatomiste allemand inventeur de la plastination et organisateur de « Body Worlds », de s’être procuré illégalement des cadavres de prisonniers chinois. M. Bernardin assure avoir vu « tous les papiers » concernant l’origine de ses propres spécimens, fournis par une fondation médicale de Hongkong. Le producteur peut en tout cas se réjouir : la controverse continue d’alimenter le flot de curieux.
* Clara Baudel
Article paru dans l’édition du 26.02.09 Le Monde.
Boff? Corps asiatiques « »avec papiers » » cette fois-ci nécessitent par contre les curiosités alors qu’à l’époque où l’incinération était mal connue, on parait-il fournit aux ss pap ceux insinérés considérés comme…??? par la rumeur et pas de mise au point depuis? On s’intéresse aux papiers des déjà morts utiles donc l’importance des papiers même après la mort de ces gens utiles à la science pourtant philosophons un peu pour changer.