Voici un article de la Libération du 31 juillet 2009, c’est un portrait de Olivier FAURE. C’est au parti socialiste qu’on peut constater le début de la mise en valeur des personnalités d’origine asiatique comme Liem HOANG NGOC, Pouria AMIRSHAHI, Gwenegan BUI. Cuong PHAM PHU.
A lAssemblée, accro à Ayrault and co.
Olivier Faure, secrétaire général du groupe PS au Palais Bourbon.
Par LILIAN ALEMAGNA
En bretelles noires et chemise blanche, Olivier Faure a plus la panoplie du trader que celle dun secrétaire général. Pas de cravate, pas de veste de costume. A moins que ce ne soit à cause de la chaleur de juillet qui pèse dans les couloirs de lAssemblée nationale. A 40 ans, ce fils dun agent des impôts rhônalpin et dune infirmière vietnamienne est, depuis 2007, le secrétaire général du groupe «socialiste, radical, citoyen et divers gauche» au Palais Bourbon. Celui qui, avec ses conseillers parlementaires, pilote lensemble des dossiers pour le groupe, en collaboration avec le président des socialistes à lAssemblée, Jean-Marc Ayrault. «On tient la maison», dit-il «Notre boulot est de préparer tout le travail du groupe» : gérer les nominations dans les commissions, définir les tactiques et stratégies à mener face à la majorité, aider les élus dans la préparation, la décision et lécriture des textes législatifs. Travail de fonctionnaire ? Pas vraiment
Plutôt de laccompagnement. «Les collaborateurs dépiautent les dossiers, les élus choisissent», explique cet amateur de cigares, né à Grenoble mais qui a grandi dans la région dOrléans. Malgré un discours aux faux airs technos, il na fait ni lENA, ni Sciences Po. En poche, un DEA en droit et un en sciences politiques.
Tombé dans la marmite socialiste «dès lâge de 16 ans et demi», il est nommé, à 23 ans, secrétaire général des jeunes rocardiens, prenant la suite de Manuel Valls. Son colocataire parisien de lépoque sappelle Benoît Hamon, lui aussi supporter de lancien Premier ministre de François Mitterrand. Paradoxe, le premier est étiqueté à droite dans son parti, tandis que le second représente laile gauche du PS. Pour Olivier Faure, cest entre les deux : dans le marais socialiste, près dHollande et Ayrault. Le garçon a fait son entrée au Palais Bourbon, en tant que collaborateur du député Gérard Gouzes, alors président de la commission des lois. En 1997, après quatre ans passés à Grenoble dans le privé, Olivier Faure est appelé comme conseiller de Martine Aubry, ministre de lEmploi et de la Solidarité. Dans lombre de la future première secrétaire, il sattelle à la mise en place des dossiers emblématiques du gouvernement Jospin : emplois jeunes, 35 heures, CMU, loi sur le financement de la Sécu
Avec un «rôle de négociation avec les membres de la majorité plurielle». Trois ans plus tard, à 33 ans, il rejoint la rue de Solférino, en tant que directeur adjoint du cabinet de François Hollande. «Ce nest pas un type qui est seulement dans lappareil du PS, explique Jean-Marc Ayrault, Il reste en prise avec la société et ça se sent dans son approche des dossiers parlementaires.»
«Loyal et sincère»
Olivier Faure a déjà affronté les électeurs. Sans succès. Aux législatives de 2007, il est battu de 500 voix, dans la 8e circonscription de Seine-et-Marne, par lUMP Chantal Brunel. Il entre tout de même à lAssemblée en tant que secrétaire général de groupe. «Jean-Marc Ayrault ma dit : Il est grand temps que tu fasses autre chose. Jai accepté le poste.» Il qualifie, en plaisantant, de «vie de couple», sa relation avec le président du groupe socialiste. Ayrault loue son côté «loyal et sincère», «à lécoute, avec le sourire, mais avec de la fermeté et du caractère». «Mais surtout, ce nest pas un cire-pompes, précise-t-il. Cela peut être un inconvénient, pas pour lui
» Cet amateur de photographie et passionné darts premiers vit son rôle dhomme politique avec un côté «addictif». Pas simple quand on a une compagne et trois enfants.
Après une année abominable pour le Parti socialiste, il défend, avec une certaine ardeur, parfois pleine de langue de bois, le travail des députés de son groupe. «Même si le PS est en crise, il ny a pas une seule journée qui se soit passée sans que nous ayons fait de contre-proposition.» Otan, paquet fiscal, Hadopi, travail du dimanche
Olivier Faure égrène les sujets sur lesquels le groupe PS a joué, selon lui, son rôle dopposant à lUMP. «On a réussi à contrarier le rythme que voulait nous imposer Nicolas Sarkozy. Mais ce travail est couvert par les petites phrases», se désole-t-il.
«Anonymes»
Déçu que les médias sintéressent davantage aux querelles de ténors et aux futurs présidentiables, il prend fait et cause pour ces «anonymes» pour qui «cest déjà une finalité dêtre député». «Cest pénible car à chaque fois que le PS va mal, ce qui est fait à lAssemblée est mis de côté. Cest un peu grandeur et frustration», sourit-il. Avec un certain idéalisme, Olivier Faure est admiratif sur ces députés, «qui sinscrivent dans la famille des Blum, Jaurès et Mendès-France». «Notre boulot a un côté 14-18 : on a une tranchée, on sen prend plein la gueule, mais on y va ensemble.»
Sasseoir à son tour sur les banquettes rouges de lAssemblée et être en première ligne ? Il sy verrait bien. «Cest vrai quil y a une forme de confort à rester dans lombre des autres, à ne pas avoir dautres jugements que celui de son propre patron, concède-t-il. Mais à un moment, il faut passer le pas.»